Les mausolées et les tombes
Les mausolées présents en Afrique du Nord sont de deux types : à tumulus ou turriformes.
Les mausolées à tumulus sont le résultat de l’évolution des tumulus paléo-berbères présents dans toutes les régions pré-sahariennes d’Afrique du Nord, les bazinas (les bases cylindriques sont recouvertes de plaques lythiques ou de tumulus de pierres sèches) et de leur rencontre avec l’architecture hellénistique. Les monuments de ce type sont constitués d’un socle et d’une structure supérieure tronconique, constituée d’éléments circulaires superposés. Des chambres funéraires souterraines étaient aménagées sous le mausolée, auxquelles on accédait par un couloir dont l’entrée pouvait être située dans un des gradins de la structure supérieure. À l’intérieur de l’édifice, des couloirs conduisaient à des salles destinées au culte.
Dans les zones pré-sahariennes, on a constaté la présence également de bazina à degrés, qui peuvent atteindre des dimensions considérables, comme celles de la nécropole de Djebel Mistiri dans la région de Tebessa. Des corps partiellement décharnés par suite d’une crémation incomplète ont été retrouvés à l’intérieur du tumulus de ces nécropoles, de dimensions plus grandes. Cette typologie tombale est également attestée à Tipasa : c’est, en particulier, celle de la tombe qui a été datée fin du IIe siècle – début du 1er siècle av. J.-C., et qui comporte un petit couloir d’accès à la fosse fermée par un bloc rectangulaire. La superstructure présente, outre les blocs de fermeture, une seconde rangée constituée de pierres de grand appareil formant une pyramide à degrés. Près de la tombe, on a retrouvé le cippe avec moulure à gorge égyptienne qui, d’après S. Lancel – à l’origine de la découverte de ce monument – a probablement servi d’autel pour les libations au sommet de la pyramide à degrés.
La confrontation semble indiquer une compénétration et une continuité culturelle entre les cultures paléoberbère, phénicienne et numide.
Les mausolées turriformes, quant à eux, s’inspirent plus directement des tombes-tours du territoire libanais, auxquelles s’ajoutent des éléments architecturaux égyptisants, parvenus jusqu’ici par l’intermédiaire des Carthaginois et des Phéniciens, tels que la corniche « à gorge égyptienne », ou grecs, comme les chapiteaux ioniques. Ils ont une base polygonale, une structure supérieure organisée sur plusieurs niveaux, le dernier desquels ayant une forme pyramidale.
Les mausolées sont la manifestation de la volonté des rois numides d’égaler les souverains hellènes par la réalisation de structures monumentales et de démontrer leur capacité à organiser de grandes masses de travailleurs locaux. À ce propos, l’inscription punico-numide de Dougga, en Tunisie, qui comporte les noms des ouvriers employés à la réalisation de ce monument est fondamentale, en ce qu’elle démontre la participation de main d’œuvre punique et locale. La grande diffusion des mausolées est également attestée dans les représentations picturales de la nécropole de Gebel Mlezza, près de Kerkouane, du IV-IIIe siècle av. J.-C.