Les marchandises orientales et la « route des parfums »

L’Orient semble bien être le berceau du parfum, que l’on utilisait en particulier dans les rites religieux. Brûlés en l’honneur des dieux, les parfums exhalaient une fumée odorante qui s’élevait vers le ciel, et c’est là l’origine de l’expression latine « per fumus », à travers la fumée. En brûlant des substances odorantes, les hommes s’attiraient la grâce divine. Les odeurs agréables conjuraient également les maladies et faisaient barrière à la peste et aux épidémies.
L’encens, le parfum par excellence, était réservé au culte, en signe d’honneur et de reconnaissance au dieu vivant. La « route de l’encens » était une voie caravanière qui reliait l’extrémité de la Péninsule Arabique (l’Oman et le Yémen) à la Méditerranée, et elle était déjà connue à l’époque des Phéniciens. C’est par cette route que transitaient les marchandises qui arrivaient par la mer de l’Inde et de l’Extrême-Orient, parmi lesquelles le santal, le musc, le bdellium, la myrrhe, le baume, sans oublier le camphre, le bambou et de précieuses épices employées dans l’alimentation et la conservation de la nourriture (poivre, noix de muscade, clous de girofle et cinnamome), ainsi que des substances utilisées pour la pharmacopée et les cosmétiques, de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, et encore, des marchandises moins précieuses telles que riz, céréales et sucre de canne.
Les marchandises d’échange étant parfois plus recherchées que l’or, les épices et les arômes, marchands et explorateurs cherchaient continuellement de nouvelles routes commerciales à travers le monde. Et les Phéniciens, en plus du commerce des parfums prêts à l’emploi, étaient également les fournisseurs des matières premières. La Péninsule Ibérique détenait le monopole d’ingrédients tels que le musc, l’ambre grise, la civette, le santal et la bergamote, qui servaient dans le traitement des peaux provenant probablement de l’Algérie, étroitement liée à la péninsule par l’itinéraire des bateaux de transport.
Les Phéniciens fournissaient aux Égyptiens l’essence de térébenthine, une substance tirée d’un arbre de petite taille aux feuilles à la consistance résineuse et aux fleurs pourpre. L’essence de térébenthine a également été décantée dans divers poèmes d’amour : « Voilà que toutes les routes que tu parcours s’imprègnent du parfum de la térébenthine, et leur odeur devient semblable à celle qui s’exhale de Byblos ».
