La ville sacrée des morts
La tombe et son trousseau
Dans les tombes phéniciennes, les défunts étaient accompagnés d’un trousseau funéraire qui pouvait être plus ou moins riche. Dans les cas les plus simples, il se constituait de petits objets personnels et de quelques formes de céramique, et dans les cas où le trousseau était plus complexe, le mort était accompagné des mêmes objets qu’il utilisait dans sa vie de tous les jours et qui pouvaient lui servir dans sa « nouvelle vie » dans l’au-delà.
C’est la raison pour laquelle un vaste espace était réservé à la céramique, aux récipients de cuisine ou à feu, pour la préparation et la consommation de nourriture et de boissons, même si ces objets étaient enrichis de décorations particulières qui en dénotaient la fonction funéraire. On trouvait en particulier de nombreuses olla à une seule anse, des cruches à ourlet trilobé ou plat, des assiettes et des bols.
Une constante, dans les trousseaux, est représentée par la déposition d’au moins une lampe qui devait toujours être allumée (elles ont en effet toujours des traces de brûlure). Dans le cas de dépositions puniques, les lampes pouvaient être à un ou deux becs, et pouvaient avoir eu la fonction d’illuminer le chemin du défunt vers sa nouvelle vie ultra-terrienne.
Dans les tombes à chambre, les objets personnels du défunt (les bijoux, les amulettes, les statuettes de terre cuite qui représentaient généralement le défunt, les oeufs d’autruche (qui recouvraient une valeur eschatologique) décorés, étaient déposés avec le corps dans le sarcophage, qui pouvait être en pierre ou en bois (comme dans les tombes de Jedjel), tandis que le trousseau funéraire (assiettes, cruches, lampes, coupes, unguentaria) étaient placés à l’intérieur de la chambre, à côté du sarcophage.
La présence d’un protomé masculin est attestée uniquement dans la tombe de Gouraya. De facture locale, il a une expression bien plus sereine que les masques grimaçants de Carthage.
L’usage de stèles, dans une fonction d’offrande ou signalétique, est abondamment attesté.
Reconstruction de la Tombe 2 de Gouraya
À Gouraya/Gunugun, à environ 30 kilomètres à l’ouest de Cherchel, non loin d’Iol-Caesarea, une nécropole punique du IIIe-Ier sec. av. J.-C. a été découverte, dans laquelle était pratiqué exclusivement le rite de l'inhumation.
Les tombes sont à chambre funéraire avec puits d’accès, et peuvent héberger des dépositions en contact avec le sol ou dans des sarcophages. Elles présentent les trousseaux les plus riches jamais découverts en Algérie, et témoignent d’un rite local particulier : les corps étaient en effet écharnés et les os accumulés sur le sol de la tombe ou placés dans un récipient.
La céramique qui accompagne les dépositions est à la fois d’importation (campanienne et carthaginoise) et de fabrication locale. Les askoi sont certainement de production locale, ainsi qu’un vase peint décoré d’une petite palme à peine ébauchée et de deux yeux, qui devaient avoir une valeur apotropaïque. On y trouve également des bijoux, parmi lesquels un pendentif « en forme de cloche » diffusé également à Carthage, et un scarabée sur la partie postérieure duquel est gravée l’image d’Isis allaitant le jeune Horus.