L'Armée

Les troupes mercenaires présentes dans l’armée carthaginoise étaient regroupées par ethnie et avaient à leur tête un chef local (rb m،trt). Les mercenaires étaient liés par un contrat qui expirait à la fin de la guerre. Les troupes étaient divisées en centuries. L’expression rb m’t, « chef des cents » doit être entendue dans le sens militaire de « chef d’une centurie », et semble correspondre au terme libyen MUSN/MUSNH.
Les sources classiques citent, parmi les contingents de l’armée d’Hannibal les Gétules, les Aethiopes, les nomades Macae, les Adrymachides, les Marmaridae, les jeunes de Baniura, les Autololes, les Garamantes, les Nasomones et les habitants du lac Tritonis. Silius Italicus (Pun., III, 256-365), décrit l’équipement de ces populations : les Macae étaient armés de cateia, une sorte de boomerang ; les Adrymachides de caetra, une faux recourbée, et équipés d’une jambière uniquement à la jambe gauche ; les Gétules conduisaient les chars ; les jeunes de Baniura étaient armés de bâtons en bois trempés dans le feu ; les Autololes étaient des coureurs à pied d’exception et les Garamantes s’occupaient des serpents venimeux. Les descriptions présentes dans ces textes sont toutefois peu fiables, en raison de leur caractère épique, et les caractéristiques « exotiques » attribuées aux tribus africaines sont difficilement compatibles avec les nécessités techniques et stratégiques de l’armée d’Hannibal. Par ailleurs, l’implication directe des Garamantes apparaît peu plausible, en ce sens que Carthage semble avoir entretenu surtout des rapports à caractère commercial avec cette population; le recrutement de troupes semble avoir concerné plutôt les Gétules, et de manière plus générale, les populations africaines occidentales.
L’armée carthaginoise était formée pour une bonne part de troupes légères constituées de Libyques armés d’un javelot, d’un bouclier circulaire et d’un court poignard, qui pouvaient être incorporés dans des phalanges de type macédonien. Les éléphants étaient en première ligne, déployés sur toute la longueur du front, pour faire masse et absorber le premier choc.
Hannibal introduisit des modifications dans le déploiement des troupes afin de l’adapter aux diverses situations belliqueuses. Pour garantir une majeure capacité de manœuvre, il diminua le nombre de soldats armés de sarisse (une lance de six mètres de long d’origine macédonienne), augmentant d’autant les combattants armés d’épée, une arme typique du corps à corps qui permettait aux soldats d’exprimer toute leur férocité au cours du combat.